La vache, totem de l'efficacité

Pourquoi notre efficacité et notre attention atteignent des sommets quand les vaches défilent sous nos yeux à travers la vitre du train ?

Quelques heures devant son ordinateur portable dans un train nous donne l’impression d’une productivité exceptionnelle. On dépile alors autant de tâches complexes en deux heures qu’en deux jours habituellement.

Passée l’étape de la lamentation « ouais, mais on travaille plus souvent dans des bureaux que dans des trains », essayons d'identifier les caractéristiques d’un tel moment qui le rendent si efficace pour tenter des les répliquer en dehors du train.

IRL

Le train c’est 0 connexion internet ou alors tellement par intermittence qu’on a vite fait de tout déconnecter. La SNCF se fait d’ailleurs régulièrement chambrer sur l’impossibilité de se connecter à internet en TGV. Par exemple ce tweet d’Axel Lemaire :

Etant donné que les plus grands freins à notre concentration et à notre efficacité sont dorénavant une sur-connexion plutôt qu’un manque de connexion, je parie que le sevrage d’internet imposé par le train a des effets positifs sur notre efficacité individuelle, notre santé mentale et, soyons fou, sur une part du PIB !

Et si Axel Lemaire se fourvoyait en cherchant à mettre du WIFI dans les trains ?

Ô SNCF, merci pour votre retard technologique, vous êtes notre dernier rempart contre l’inattention perpétuelle. Vous permettez quelques heures durant de réaliser des tâches nécessitant une véritable attention en profondeur !

Alone

Absence d’interruptions numériques, mais aussi absence d’interruptions sociales externes. Pas de collègue qui vient vous poser une question ou vous sollicite. Pas de tentation d’aller à votre tour interrompre le collègue. Pas non plus de conversation qui attire l’oreille parce qu’elle vous concerne plus ou moins

Terminus, tout le monde descend

Quel meilleur timebox (plage de temps dont on ne sort pas, telle une boîte) que celui-ci totalement incontournable ? Ce timebox est parfaitement administré puisqu’on nous le rappelle en début de trajet, puis on nous tient au courant de l’avancement à 15 min de la fin puis quelques secondes avant la fin. Surtout la fin du timebox est réellement contraignante pour une fois. Même si c’est le terminus, on ne tente jamais de grapiller quelques minutes pour dépasser le seuil du « faut pas rester là monsieur ».

Imaginez la même violence pour clore les réunions qui débordent : « tu finis là maintenant mon coco, sinon tu te retrouves à 100 bornes dans 30 minutes ».

Camisole de force

En plus de la rareté des interruptions numériques, la tentation de s’auto interrompre physiquement et concrètement (tiens je fais me faire un thé, tiens je vais faire une pause technique, tiens …) diminue drastiquement. C’est toujours possible mais ça devient compliqué, alors souvent on reste assis et on préfère laisser siester la vielle dame sans la déranger.

La contrainte physique que nous impose le train marche encore mieux de nuit ou les rideaux fermés, et là ça commence à ressembler au mur devant lequel Bodhidharma médita pendant 9 ans, mais en plus cours (quoi que, parfois, avec la SNCF…).

Préparation

Autre avantage concurrentiel de la concentration dans le train : on a tendance à préparer ce moment, pour anticiper le manque de connectivité numérique et parce qu’on sait qu’on va dépiler nos tâches comme des damnés. On s’assure qu’on a les infos nécessaires sous la main, on télécharge ce qu’il faut, et on se fait craquer le cou et les doigts façon Bruce Lee.

Des objectifs

Plus capital encore, ce temps contraint du train nous incite plus naturellement à définir avec soin des objectifs cohérents avec les possibilités et contraintes du moment. Notre attention est alors guidée seconde après seconde par ces objectifs plutôt que passive et détournée au gré des sollicitations exogènes ou endogènes.

Pourtant, la définition d’objectif ne suffit pas forcément en dehors du train, pour preuve nos moments favoris de procrastination sur la tâche cauchemardesque qu’on a tout préparé comme il faut mais qu’on attaque jamais vraiment. Ca doit être l'effet vaches, ou alors plus sérieusement l’effet de la conjugaison avec les autres facteurs vu plus haut (déconnexion numérique, absence d’interruption exogènes, contrainte temporelle et physique forte).

Les effets du train 10 fois par jour ?

Et si on arrivait à reproduire à l’envie les niveaux de concentration et d’efficacité qu’on atteint lorsqu’on est dans le train ?

Facile, tentons de reproduire les caractéristiques de ces moments en train plus souvent dans notre quotidien !

Comment se déconnecter d'internet aussi totalement que dans le train ?

Comment se protéger des interruptions d’autrui sans partir à 500km ?

Comment se fixer des timeboxes aussi contraignants que ceux du train ?

Comment se poser dans un espace et dans une position confortable mais néanmoins limités physiquement ?

Comment préparer nos moments de concentration intense comme si on s'apprêtait à chaque tâche dans le train ?

Le tout en évitant de passer sa journée dans le train à sillonner la France du nord au sud et d’est en ouest, ça serait tricher.

Et vous, quelles autres caractéristiques du train vous aident à en faire un moment de concentration hautement qualitatif et efficace ?

Et avec un peu de recul : êtes-vous pour ou contre le WIFI dans le TGV ? ;-)


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