Une minute pour atteindre 40% de vos objectifs en plus
1 minute, c’est le temps qu’il vous faut pour noter vos objectifs avec un papier, un crayon et vos petits doigts potelés. Ce simple geste d’écrire vos objectifs, va augmenter de plus de 40% vos chances de les atteindre !
Faisons un bref retour sur les controverses autour de ce résultat, puis déterminons comment le tourner complètement à notre avantage.
Une légende urbaine ?
Beaucoup de coachs en développement personnel vantent les effets immensément positifs de la définition et de la formalisation par écrit de ses objectifs personnels.
L’histoire racontée par ces coachs, trop parfaite pour être vraie, est la suivante. Des chercheurs auraient suivi les réussites économiques des élèves d’une classe sortie de Yale en 1953. Miracle de l’efficacité personnelle 20 ans après leur sortie de l’école : les 3% des élèves ayant formalisé par écrit les objectifs qu’ils poursuivaient, avaient amassé plus de ressources financières que les 97% des élèves n’ayant pas fait cet effort !
Plusieurs problèmes dans cette (trop) belle histoire :
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Une fois de plus, la réussite est mesurée à l’aune de critères économiques, et il nous faut des histoires de gros sous pour nous inciter à changer ; c’est triste. L’histoire ne dit pas si mère Teresa ou un prix Nobel de littérature se trouvaient dans les 97% des loosers de cette classe qui n’avaient pas écrit leurs objectifs.
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Cette belle histoire confond corrélation et causalité. Imaginons que les 3% des élèves qui notaient leurs objectifs l’ont fait parce qu’ils participaient à un groupe de suivi et d’accompagnement à la performance. Dans ce cas la cause de l’effet « réussite » pourrait être l’appartenance à ce groupe, plutôt que la rédaction des objectifs en tant que telle.
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Last but not least, cette étude sur « la classe de Yale en 1953 » n’a jamais existé ! Rien, nada, que dalle ! Il s’agit d’un fake, repris en boucle par les coachs en développement personnel, mais sans aucune base scientifique ou historique. Pour preuve, l’enquête menée par les journalistes de Fast Company, qui n’ont retrouvé aucune trace ou indice de l’existence de l’étude en question.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là pour autant !
Le Dr Gail Matthews, professeur en psychologie de la Dominican University of California, intriguée par cette légende urbaine à succès, a mené une étude pour vérifier cette croyance largement relayée. Au final la légende urbaine n’est pas si loin de la vérité !
Le protocole de l’étude
149 personnes ont participé à l’étude. Ces personnes venaient du monde entier et de divers secteurs d’activités, répartis entre hommes et femmes, et d’âges variés.
L’étude a cherché à comprendre les effets de certaines conditions sur l’atteinte des objectifs métiers de ces personnes. Ces objectifs étaient aussi divers que terminer un projet, augmenter sa productivité, améliorer son équilibre vis perso/vie pro, etc.
Les personnes testées ont été divisées en 5 groupes.
Une condition commune a été appliquée de la même manière aux 5 groupes en demandant aux personnes testées de noter leur objectif sur divers axes (difficulté, importance, compétences et ressources nécessaires, motivation).
Puis chaque groupe avait une consigne spécifique :
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Consigne du groupe 1 : penser à leur objectif (condition spécifique du groupe 1).
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Consigne du groupe 2 : écrire leurs objectif (et pas seulement y penser comme le groupe 1).
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Consigne du groupe 3 : écrire leur objectif et en plus formuler des engagements d’actions dans ce sens.
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Consigne du groupe 4 : faire comme le groupe 3 et en plus envoyer leur objectif et actions à un ami.
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Consigne du groupe 5 : faire comme le groupe 4 et en plus envoyer un point d’avancement hebdomadaire à un ami.
Les résultats de l’étude
Les résultats de l’étude sont excessivement intéressants.
Se contenter de noter ses objectifs augmente de plus de 40% les chances de les atteindre (groupe 2 vs groupe 1) !
Les noter et s’engager auprès d’un ami les augmente de 50% (groupe 4 vs groupe 1) !
Les noter, s’engager et envoyer une mise à jour d’avancement à un ami augmente de 77% ses chances de les atteindre (groupe 5 vs groupe 1) !
Bien sûr ces résultats mériteraient d’être répétés avec un échantillon plus important, puis publiés dans une revue « peer reviewed », mais on ne va pas gâcher notre plaisir de ces données bien plus étayées que la légende urbaine des coachs médiatiques !
Dans la suite de ce post, je vais me focaliser sur les 40% de chances supplémentaires dues à la simple écriture des objectifs. En effet l’effort requis est minimal, ne dépend que de vous et de personne d’autre, et le retour sur investissement plus qu’intéressant.
Pourquoi cet effet 40% ?
L’étude du Dr Gail Matthews ne pose pas de conjecture pour expliquer cet effet. Voici les hypothèses que je me permets d’avancer pour expliquer l’effet de l’acte d’écrire ses objectifs :
- l’acte de les écrire force à les prioriser. Plutôt que de continuer à tourner dans notre esprit 100 envies et idées, le simple geste d’écrire va nous contraindre à en choisir un nombre réaliste. La visualisation sur le papier va très vite nous montrer si le nombre en est acceptable ou pas. La liste, d’une taille honnête, va ensuite faciliter le focus sur ces quelques objectifs plutôt que sur nos 100 idées.
- l’exercice d’écriture va nous contraindre intuitivement à appliquer un niveau de difficulté pertinent, à savoir que ces objectifs seront ambitieux et difficiles à atteindre mais pas totalement impossibles. L’écriture nous permet en quelques secondes de sortir du rêve pour les objectifs fous et au contraire de réaliser qu’on est trop gagne petit sur les plus modestes.
- les avoir rédigés sous nos yeux commencent déjà à nous engager vis-à-vis de ces objectifs. Nous commençons à nous y attacher et à nous tenir responsable de leur poursuite.
- l’acte d’écriture est déjà un premier pas, un micro mouvement qui crée un élan dans la direction de leur réalisation.
Ces différents effets induits (prioriser, trouver le bon niveau de difficulté, etc) ne demandent pas pour autant un temps important. Notre cerveau est génial, et 1 minute passée sur l’écriture va déjà contraindre à passer par ces filtres très rapidement.
Et maintenant, comment mettre pleinement à profit cet effet 40% ?
Bénéficier au mieux de l’effet « écriture des objectifs »
Comment systématiser l’usage de cet effet pour en bénéficier au mieux, à la fois individuellement et collectivement ? Sur le court et sur le moyen terme ?
Individuellement
Individuellement et à court terme (disons à la journée et à la semaine), on a souvent recours à la « todo list ». Cette liste peut sembler mettre à profit l’effet 40%, mais pas parfaitement puisque la todo list contient le plus souvent des tâches et des actions (je fais ça) plutôt que des objectifs inhérents à ces tâches (pourquoi je le fais).
Cueillir les 40% de chance supplémentaires d’atteindre ses objectifs quotidiens ou hebdomadaires passe donc par l’enrichissement de nos todo list, ou d’un autre support spécifiques « objectifs du jour/de la semaine ».
Individuellement et à moyen/long terme (disons du trimestre à l’année), on fait trop rarement l’effort de formaliser à l’écrit nos objectifs. Par exemple à l’échelle du semestre, je peux prendre 10 min pour les écrire (je les ai déjà plus ou moins en tête, ça ne devrait pas prendre beaucoup plus de temps).
N’oubliez pas : 40% de chance supplémentaire, surtout sur vos objectifs moyen/long terme forcément plus ambitieux et difficile à atteindre, on ne va pas cracher dessus !
En complément de cette formalisation sur ces différentes échelles de temps, l’effet est immanquablement plus fort si on regarde ces objectifs écrits régulièrement, par exemple dans un rituel très court.
Dans mon cas c’est tous les matins avant de regarder la todo du jour et 1 fois par mois sur les objectifs long termes. A chaque fois quelques secondes suffisent amplement pour y jeter un œil.
Collectivement
L’étude « 40% » ne parle pas des effets de l’écriture des objectifs sur des équipes mais je vais extrapoler sur la base de mes expériences.
Collectivement, les équipes que je croise appliquent à peu prêt toutes cette pratique de formalisation par écrit des objectifs. Toutefois, j’observe souvent les défauts suivants :
Dans le cadre des réunions, au mieux l’ordre du jour est formalisé (de quoi on va parler), mais l’objectif de la réunion (pourquoi on fait cette réunion ? quel en est l’objectif ?) ne l’est quasiment jamais ! Une garantie d’échec ou à minima de résultat médiocre pour cette réunion.
A l’échelle de la semaine, une part non négligeable des équipes que je croise dans mes interventions formule des objectifs par oral, le plus souvent partagés à haute voix en stand up meeting, par exemple le lundi matin. C’est déjà super. Prenons en plus 30 secondes d’effort supplémentaire pour les écrire (au mur) et bénéficier de l'effet 40% !
A l’échelle de quelques mois (durée d’un projet ou développement d’une activité sur un semestre), la faiblesse la plus fréquente consiste à rédiger les objectifs en bonne et due forme puis à ne surtout jamais les regarder. Mes expériences personnelles montrent que les regarder quotidiennement ou de manière hebdomadaire avec toute l’équipe, même si on les connaît déjà par cœur facilite le focus, permet de voir le problème sous un nouvel angle, et au final augmente les chances de les atteindre.
Évidemment rédiger et revoir régulièrement des objectifs ne suffit pas en tant que tel. On a tous en mémoire des situations où une communication aveugle et répétitive des objectifs tenait plus de l’injonction et de la pensée magique que du management intelligent, notamment lorsque rien n’était fait pour les rendre pertinents, les expliquer, les adapter ou lever les freins pour les atteindre.
Conclusion
Reconquérir notre temps passe en grande partie par une meilleure orientation de nos efforts vers les choses qui nous tiennent vraiment à cœur. Par exemple, avec une heure devant nous on souhaite mettre en place tout ce qui est possible pour que cette heure nous rapproche le plus possible de nos objectifs et faire que cette heure en vale 10, comparée à des efforts mal orientés !
Dans ce cadre, augmenter de 40% nos chances d’atteindre nos objectifs c’est rendre ce temps beaucoup plus performant. Prenez alors 1 minute chaque semaine et 10 minutes chaque semestre pour formaliser par écrit vos objectifs si vous voulez bénéficier de ces 40% de chances supplémentaires quasi gratuits. Un geste à « automatiser » en calant dès maintenant 2 rituels dans votre agenda !
Et pour ceux qui pratiquent déjà cette formalisation, sur quelle échelle de temps le faites-vous ? A quelle fréquence les regardez vous après les avoir écrit ? Est-ce que vous les affichez en permanence sous vos yeux ?
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